PAROLES

Deux Hivers      Aprèm typique      Grisaille     La minute russe      Carnaval      Au parvis      Swing des paumés      Millionnaire      Pick up artiste      Insomnie

1 ) Deux hivers

  

Écris-moi une chanson un texte de rap qui m’invite,

À décoller mon slip du sofa où je m’incruste.

Dehors la grêle tombe, on est au mois de juin,

Depuis que j’ai arrêté l’joint j’me lève le lundi matin.

Puis j’erre dans les ruelles de Bruxelles,

J’attends l’heure décente pour m’descendre une Duvel,

Les gens s’bousculent dans l’métro,

Ça écrit des textos, entre 3 mots y’a des smileys.

On m’dit Bruxelles ma belle,

Archipel cosmopolite,

Mais c’est partout les mêmes mimiques,

Les mêmes gimmicks.

Viens voir la ville qu’on appelle le centre de l’Europe

Où les rues ne sont propres qu’au seuil des portes de ceux qui importent.

J’exporte mon flow,

Dans les dédales du centre-ville.

Entre bars à bière et barbes d’hipsters,

Fritkot et nightshop, resto à deux balles où les touristes s’installent,

J’longe la rue des Bouchers pour déboucher sur la bourse éméché.

 

C’est une histoire de rap, de rumba et de Duvel,

Le genre d’histoire que tu croises dans les bars de Bruxelles,

Elle raconte la rencontre entre deux amants,

Qui s’aimèrent deux hivers, mais seulement un printemps.

 

C’est une histoire de rap, de rumba et de Duvel,

Le genre d’histoire que tu croises dans les rues de Bruxelles,

Elle raconte la rencontre entre deux amants,

Qui s’aimèrent deux hivers, mais seulement un printemps.

 

Ruelle étroite, nuit de novembre :

Les pavés frissonnent sous le givre,

Elle met du temps à descendre,

Puis me propose de la suivre.

Sous les étoiles, Bruxelles est moins moche.

On arpente le centre-ville,

De longs manteaux sortent des cinoches.

Dans un vieux bar on se faufile,

Elle prend une chouffe, moi une Duvel,

Me parle d’elle les yeux mi-clos,

Ces mots coulent comme du miel,

Dans mes oreilles de jeune poivrot.

C’est pas permis d’être aussi belle,

C’est pas permis d’être avec moi,

J’me sens tout con là face à elle,

Qui me sourit quand je bois.

Et cette chaleur dans mon corps,

Et cette lumière dans ma poitrine,

Ça pourrait être de l’alcool fort,

Ou bien mon cœur qui s’illumine !

L’alcool rend vite amoureux,

J’aime quand l’instant est éternel,

Mais trop souvent l’pétillement dans mes yeux,

Pars le matin quand j’me réveille.

Mais pas cette fois, pas cette fois.

Elle s’est r’tournée dedans mon lit, les yeux rougis par notre nuit,

L’haleine aigre et pleine d’odeur, et moi j’ai ri de tout mon corps.

Et j’me souviens ma grand-mère qui me disait: « gamin,

Aimer c’est supporter l’haleine de l’autre le matin ».

Et de jour en jour, et de nuit en nuit,

Cet amour obnubilait nos vies,

Et notre envie, à la folie,

C’était de s’isoler dans notre lit,

Le monde autour était morose,

Chiant, pesant, puant l’ennui,

Et les étoiles un peu voyeuses éclairaient nos longues insomnies.

On s’est aimé, on s’est suffi,

On s’est promis toute notre vie,

Mais comme deux fleurs inséparables,

On s’est fané petit à petit.

 

C’est une histoire de rap, de rumba et de Duvel,

Le genre d’histoire que tu croises dans les bars de Bruxelles,

Elle raconte la rencontre entre deux amants,

Qui s’aimèrent deux hivers, mais seulement un printemps.

 

C’est une histoire de rap, de rumba et de Duvel,

Le genre d’histoire que tu croises dans les rues de Bruxelles,

Elle raconte la rencontre entre deux amants,

Qui s’aimèrent deux hivers, mais seulement un printemps.

2) Aprèm typique

  

Aprèm typique :Type trip sur IPhone en plastique,

Il sort de la 208, en mode Boom Bap de flic automatique,

S’dirige vers une donzelle, qui se sucre au soleil.

Sourire à la Jacques Brel, dans LE parc des parcs de Bruxelles :

« Bonjour » / « Salut » /

« Meuf, dès que je t’ai vu, j’ai su que le destin de l’amour divin l’avait voulu » /

« Mec, ket, m’appelle pas meuf, déjà j’te connais pas,

Et si l’destin existait il m’aurait fait Madonna,

Alors va faire tes belles courbettes bêtes dans mon rétroviseur

T’es l’troisième gars en un quart d’heure, va chanter tes conneries ailleurs. »

Frustré, le gars s’irrite, l’insulte de tous les noms,

La menace même d’appeler les flics, puis se fait une raison.

Il se retire, et grogne comme Stallone, alone,

Se remet sur son IPhone, pour calmer sa testostérone.

Sur le banc d’en face, deux jeunes amoureux,

Les yeux mi-clos, pupilles en vrille, des mots doux et mielleux.

Il les regarde, presque il les envie, puis sort un pacs de weed.

Journée de merde, il est midi et demi.

 

Forums en ligne, sites de rencontres pendant des heures,

Le cœur en pleurs à la recherche d’une lueur de l’âme sœur.

Amours au bout du fil, peurs en projectiles fragiles,

Après un check de son profil il lui propose un date en ville.

Maintenant qu’elle a dit « oui », il sent cogner dans sa poitrine,

Un stress qui noue son ventre, son cœur et ce qui lui reste de son estime.

En soi, c’est juste une autre nana, pas de quoi en faire un cas.

Au pire elle s’en ira, au mieux elle t’ouvrira ses bras.

Mais là tu l’aperçois, sous le soleil d’avril,

Elle te sourit et tout ton corps fait des faux bonds débiles.

Quand elle l’a vu, elle s’est dit : « franchement ça va,

Pas trop beau, pas trop moche, s’il est sympa j’l’invite chez moi ».

Sortie depuis 3 mois d’une relation abusive,

Elle avait plus autant joui de la vie, depuis cette rupture décisive.

Ivre de sortie, de sexe sans suite, de désirs ardents,

« J’veux pas de sentiments, juste un corps chaud, pesant et excitant. »

Mais peu à peu elle s’est lassée des soirées roses et arrosées, à jamais rassasiée,

Sourires d’un soir trop vite évaporés.

Trop de flou, de faux semblants, de fausses gens,

Des vaudevilles défilent que l’eau de vie, vidant l’ennui, dévie en purs instants.

Du coup tu t’assieds avec ce gars-là, il est gentil, un peu timide,

Et doucement tu sens monter en toi,

Une envie simple, un désir tout doux,

Puis tout d’un coup tu t’avances pour l’embrasser dans le cou, puis sur la joue.

 

Retour sur le top model Adèle,

Qui n’a rien demandé à personne,

N’a pas d’balcon, veut du ciel,

Et sous le soleil rayonne.

Elle passe trois heures dans le parc,

Veut la peau mate, sent qu’on la mate,

Des regards moites, de groupes de quatre,

De mecs de fac ou diplomates.

Le premier qui l’aborde, c’est le beau gosse charmant,

Sûr de lui, rien lui résiste, les cheveux dans le vent,

Il est gentil, faussement timide à première vue,

Mais dès ce soir il essayera de lui mettre sa bite dans le cul.

Pour l’instant il lui sort « je suis vraiment désolé de vous importuner »,

« J’ai le droit ? » Sans attendre sa réponse, dit : « jamais, jamais, je n’ai vu des jambes comme celle-là. Et ce nez ! Ce nez, comment s’appelle-t-il ?»

« Adèle »

« Adèle ? Adèle…ADÈle ! ADÈLE !!!»

Quand il part enfin, avec son numéro faux,

Un groupe de gars passant par-là, la traite de nympho,

Rien de nouveau, c’est le flow pour notre quotidienne héroïne,

Qui se balade dans BX comme dans un cauchemar misogyne.

Au final, après trois insultes et deux dragues bidons,

Un pote arrive et sur l’herbe roule des petshs de chichon.

C’est la déf, bref, une journée banale,

Cinq destins distants qui se croisent dans ma capitale.

3) Grisaille

 

Encore une journée de grisaille,

Je kiffe ma ville mais j’me les caille,

Dans les rues de ma capitale,

J’ai des envies d’me faire la malle.

Mon ciel est gris, des nuages s’amoncellent dans ma tête,

Partir au loin est la réponse habituelle,

Les jours se succèdent et toujours du gris à l’horizon,

Je tourne en rond.

                                   *

C’est 50 nuances de gris, pour 1 million d’nuances de vies,

C’est la ville qu’on appelle Bruxelles, vue d’un vieux bar du centre-ville,

Des fois je rêve de lumière, et de soleil à l’infini,

Et puis j’me balade à BX, et j’m extasie devant son style.

Ses pavés bossus, tordus, ces milles langues dans le tram,

Son odeur de gaufres, ses feuilles fanées dans les parcs,

Toutes ses traces, ses places, ses graphs dans ses impasses,

Ces journées en terrasses à contempler les gens qui passent.

Et si je suis assis ici issus d’une famille sans nation,

J’arpente tes ruelles, et chacune d’elles est un peu ma maison,

Et comme plus de 60% qui s’abritent sous tes toits,

Moi je ne suis pas belge mais je suis bruxellois.

                                   *

Encore une journée de grisaille,

Je kiffe BX mais j’me les caille,

Dans les rues de ma capitale,

J’ai des envies d’me faire la malle.

                                   *

Éclats de rires dimanche matin, perdus dans l’marché du midi,

Courte éclaircie, thé très sucré, crêpes feta miel, yeux qui sourient,

Petsh de shit et jeux d’échecs au Mont des Arts entre les touristes,

Place Morichard cadavres de frites, et skateurs pétés au kickflip.

Refaire le monde de chez Momo rue du Marché au Charbon,

Échos de brusseleir dans une taverne de St-Guidon,

Soirée perchée, parking squatté, vue imprenable sur les Marolles,

Chanter bourré sous une averse puis se réfugier aux Bonnefoï.

Mélange de sens et de saveurs, et un souci de prétentions,

Ma musique, mon épice, mon cœur et le décor de mes chansons,

J’pourrais passer 10 vies assis ici bien dans tes bras,

Des fois je te déteste mais toujours je rentre chez moi.

                                   *

Passer des journées sous la pluie,

Parfois j’me demande c’que je fais ici,

Par la fenêtre je vois ma ville,

Sa silhouette grise et fragile,

Toutes ces images qui défilent comme une projection de mon âme qui se fane, qui s’évade.

                                   *

Ville de Sicile au bord de mer, village au creux du Finistère,

Vie éblouie par la nature, ciel étoilé ou bleu azur,

Effluves d’orange et de jasmin, dans les jardins de Cordoba,

Concombres au sel, raki le soir, voile de bateaux, port de Chania,

Bruxelles le monde est grand, et la vie est si courte ici,

Fin de l’hiver, j’attends l’printemps, en espérant qu’il y ait pas trop de pluie.

                                   *

Sans fracas et sans éclat,

La pluie tombe sur moi, je rêve les yeux ouverts d’ailleurs

                                   *

Bruxelles le monde est grand, et la vie est si courte ici,

Fin de l’hiver, j’attends l’printemps, en espérant qu’y ait pas trop d’pluie

Bruxelles le monde est grand, et la vie est si courte ici,

Fin de l’hiver, j’attends l’printemps, en espérant…

4) La minute russe

 

Aut. Yiddish: Chaïm Tauber

 

Sheyn vi di levone,

Likhtik vi di shtern,

Fun himl a matone,

Bistu mir tsugeshikt.

Mayn glib hob ikh gevunen,

Ven ikh hob dikh gefunen,

Sheyn vi toyznt zunen,

Host mayn hats baglikt.

Dayne tseyndelekh,

Vays vi perelekh,

Mit dayn sheyne oygn.

Dayne hentelekh,

Dayne hertelekh,

Host mikh tsugetsoygn.

 

Ma grand-mère, elle me disait que pour pas pleurer, quand tu coupes des oignons,

Faut ouvrir la bouche et tirer la langue.

Ma grand-mère elle me disait que si un jour je ne transpire plus, c’est que je suis devenu fou.

Elle disait aussi que les seins c’est comme le cul, mais en beaucoup plus doux.

Chez ma grand-mère ça sentais le patchouli,

Puis l’odeur du tabac caramel de mon grand-père aussi.

Et comme elle avait un bras paralysé par la polio,

À chaque fois qu’elle t’amenait un plat sur la table, elle le balançait et ça faisait « boum », puis elle te criait : « Iss » et elle explosait en riant.

Et du coin de la table quand tu l’écoutais pas, elle murmurait « Ноль внимания, фунт презрения* »

Parce qu’elle a grandi en Russie, elle a toujours dit,

Que Moscou est beaucoup plus belle que Paris

Et moi, ce que je préférais chez elle c’est quand elle pratiquait la « minute russe », tu vois ce que c’est ? Tu vois pas ? En fait, à chaque fois qu’elle partait de son appartement, d’un jardin ou d’un espace qui la touchait elle te disait : « noch ein kleines momentl , sezt dich , assied-toi et imprègne toi une dernière fois de l’espace autour de toi ».

 

* (dicton russe, qui veut dire : « Pas d’attention, une once de mépris »)

5) Carnaval

  

Quand le circoncis de Nazareth,

Eu 33 ans et des arêtes,

Il s’en alla prêcher le pardon,

Sur les collines près de Sion.

C’est lors d’une de ses emphases,

Qu’il proclama en pleine extase :

« Je reviendrai mais j’sais pas quand,

Et je punirai tous les méchants. »

Et depuis lors dans toute chaumière,

Chaque année passe pour la dernière,

Les mourants disent aux jeunes gens :

« Nous nous r’verrons, quand reviendra le Saint-Patron. »

 

S’en revenant un jour des champs,

Un soir d’été le brave Jean,

Vit une jeune femme pisser debout :

Apocalypse à tous les coups !

On la mena au tribunal,

Où un curé libidinal,

L’accusa de pisser debout.

Elle dit oui, c’en était trou !

Et du Piémont à Groenendael,

D’Almeria au canton d’Bâle,

On brûla des milliers de femmes.

Et les fidèles se gorgeant de flammes,

Priaient pour sauver leurs pauvres âmes,

Et s’assurer une rédemption.

       

Quand la peste vomit son horreur,

Des vagues de pèlerins en pleurs,

De ville en ville prédirent la nuit,

Et propagèrent l’épidémie.

Comme les Juifs se lavaient les mains,

Lors de la prière du matin,

Y en a bien moins qui en moururent :

Apocalypse le signe est sûr.

Et de l’Espagne à la Hongrie,

De l’Autriche au Royaume-Uni,

Les Juifs tanguèrent aux potences.

Les foules pleines d’exaltation,

Virent dans ses manifestations,

L’approche de l’Armageddon.

 

                    

 

Et ainsi chaque génération,

Voit des signes dignes d’affirmations.

Il suffirait d’une petite éclipse,

Pour qu’on y voit l’apocalypse.

Des croisades aux tours jumelles,

En passant par celle de Babel,

Des foules affolées crient « cauchemar ».

Qui sait qui ira au purgatoire ?

L’an 2000 quand j’étais petit,

2012 on m’l’a prédit.

Je me souviens : c’était le 12 décembre.

Mais grâce au progrès scientifique,

Et au réchauffement climatique,

La fin du monde est à attendre…pour 2030.

6) Au parvis

 

Et quand ta vie se vide d’envies,

Et qu’ton avis suscite l’ennui,

Alors l’idée la plus stupide,

Serait d’aller boire au Parvis.

Au Parvis y’a toujours les mêmes,

Qui jouent à la chaise musicale,

Matin, midi et jusque tard,

Commencent Jup’ finissent Orval.

Alors que le soleil battait,

Les pauvres pavés bruxellois,

Comme un pochtron je suis allé,

Dans le premier bar saint-gillois.

Et dedans y’avait de la musique,

Une musette d’Italie,

Qui faisait résonner les vitres,

Et ton bassin et mes chevilles.

 

Et puis quand ta vessie s’affole,

Et que le bar il est rempli,

D’un pas suintant tout ton alcool,

Tu vas pisser sur le Parvis.

Mais comme les poulets picorent,

Sur les places en après-midi,

On m’a fait signer un accord,

De propreté à temps réduit.

Mais comme j’étais au chômage,

Depuis mon congé maladie,

J’me suis retrouvé à faire le ménage,

Dans des bureaux bien établis.

Mais comme dans ces beaux bureaux,

On y vendait des saloperies,

J’y ai renversé un tonneau,

De molotov fait de whisky.

 

Et comme les autorités,

Trouvèrent mon esprit créatif,

J’ai direct été engagé,

Dans l’assemblage d’explosifs.

Et comme mes collègues tous fumeurs,

Prenaient des pauses tous les quarts d’heure,

Alors la cigarette au bec,

J’ai attrapé un cancer.

7) Swing des paumés

Ce texte est librement inspiré de la préface des Damnés de la terre.

                             

Viens danser le swing des paumés,

Là où les perdus du monde se retrouvent,

Viens t’amuser des amours délaissées,

Et de tout ce que nos cœurs éprouvent.

On y danse en cadence assis ou couché,

De fausses vérités et nos amours oubliées.

 

Vois ceux qui s’éveillent au coucher du soleil,

Et qui parlent en hurlant avec les yeux,

Ne les vois-tu pas grimaçant de faux conseils,

Tous vermeils, impolis et joyeux.

Ils se vantent de tout connaître au sujet de notre vieux monde,

Mais on a vite fait d’reconnaître l’oubli du r’gard d’une joconde.

J’y compte !

 

Allez viens voir ceux qui n’ont plus peur,

Qui savent tout jeunes vers où soufflent leur vent,

Sans trop d’humeurs, vivent la vie sans douleur,

Aiment partager et l’attention des gens.

Se comportent en seigneurs, esprits lyriques pour royaumes,

Et se purgent leurs rancœurs, à coup d’kyrie et de psaumes.

 

Kyrie eleison

 

Perds-toi parmi les parties d’étouffés,

Ceux que le monde n’écoute pas,

Sans voix, sans doigt droit, ni denier,

Ils sont notre moderne prolétariat. 

Écoute érudit ceux qui jouent l’ironie,

Qui pour qui la vie suffit comme elle vient,

Tous fous ces créatures sont suivies ,

Par une normalité qui les contraint.

Finalement s’organisant sous une bannière hégémonique,

Ils chantent et dansent dans les rues criant: « Mort aux pragmatiques ! »

 

Si la violence était inventée ce soir,

Et que n’existait nulle oppression,

Alors peut-être il y aurait de l’espoir,

Pour nos slogans non-violents voilés d’illusions.

Mais y a un régime de haine, ancré dans cette France,

Par mille ans de menteurs, de mécènes, de voleurs et de complaisance.

8) Millionnaire

 

Le Diable est venu me voir,

Pour jurer ensemble et boire.

Il est toujours le bienvenu,

Mais son ami avait un peu trop bu.

La soirée se passe bien,

Rit trois coups et boit du vin,

Et au milieu de notre congestion,

Il me pose une question:

« Vaudrais-tu être millionnaire ou mourir centenaire? »

Toute question a son mérite,

Et y a que les cons qui hésitent.

Alors j’ai bu une gorgée,

Pour me rafraichir les idées.

 

Millionnaire Millionnaire, Millionnaire         x2

Millionnaire, j’m’achèterais,

Une suite immobilière près des quais.

Une image, des mirages et une tonne de jouets.

Des gadgets à perpette et une corvette,

Des bisous, des bijoux comme un fou.

Des gadgets à perpette et une corvette,

Des bisous, des bijoux comme un fou.

Et un palace, au Honduras,

Et une villa près d’Malaga.

Des corps nus qui s’enlacent,

Dans un hôtel aux Émirats.

Et un palace au Honduras,

Et une villa près d’Malaga.

La roue qui tourne à Las Vegas,

Et un hôtel aux Émirats.

 

Oui mais… Centenaire…

Centenaire j’aurais bu et goûté,

Aux parfums de cent étés.

Aux bêtes joies et au mal de vivre,

Aux faibles lois et aux soirées ivres.

À l’amour croisé au coin d’un sentier,

Et à la mort aussi tard que jamais.

Aux larmes de joie,

Plus qu’aux larmes de pleurs,

Aux cent fois une fois,

Et des morceaux pour cœur.

 

Oui ,Mais!

Y a un palace, au Honduras,

Et une villa près d’Malaga,

Des corps nus qui s’enlacent,

Dans un hôtel aux Émirats.

Et un palace au Honduras,

Et une villa près d’Malaga,

La roue qui tourne à Las Vegas,

Et un hôtel aux Émirats.

 

NON! Non!

Centenaire j’aurai bu et dansé,

Aux lunes de cent étés.

Aimé dans les jardins défendus,

Et trainé tard, là dans les rues.

J’aurai les tics et les tocs des mille compagnons,

Perdus et r’trouvés sur le pont d’Avignon.

Lancé dans la mer une bouteille de soupçon,

Qu’une jeune nymphe ou un jeune nymphe aura pris à l’hameçon.

 

Mes cher.e.s ami.e.s, la conclusion,

Ne serait répondre à la question.

Car la différence est verbale et complexe,

Entre être et avoir, j’préfère l’circonflexe.

Car les palaces, on s’en lasse,

Et les villas, c’est pas pour moi.

Moi j’préfère quand tu m’enlaces,

Et que tu m’dis « je t’aime » tout bas.

Car les palaces, on s’en lasse,

Et les villas, c’est pas pour moi.

Moi je préfère quand tu m’enlaces,

Et que tu m’dis « je t’aime » tout bas.

9) Pick up artiste

 

C’est un macho prototype manipulateur,

Qui se balade de bal en bar dans ses yeux luit le chasseur.

Technique, rhétorique stratégique du pick-up artistique :

Tout homme peut chasser une meuf en moins d’un quart d’heure.

Pure perversion, récession de génération,

Regain de machisme sourires et simulations,

Diversités de manips en solde dans nos rayons :

Pour cet été achetez le guide de l’intoxication.

Société à deux vitesses, égalités des sexes en stress,

Conservatisme masculiniste évolution express.

Ironie du sort, après tant d’efforts,

Le progrès est un ressort qui avance puis régresse.

Hier dans un bar, y a un type qui parle à une copine,

La baratine avec des lignes qui signent Robert Green.

Ce gars-là a villa grâce à son art d’la séduction,

Poétisation de la manipulation.

Commentaires sur forums, fréquenter des hommes,

Hétéros uniformes, énorme ébullition d’hormones.

Propagande pros-d’la-glande devenue légende marchande,

Le date-coaching est en demande de Bruxelles à Hong Kong!

 

Los ojos rojos de llorar o de fumar,

Y el pecho roto por lo que no pudo abarcar.

Yo soy mujer y en mi cuerpo me metieron este mito,

Que me cuenta y que me dicta que a ti te necesito.

Mi propio feminismo escrito por el tiempo,

Combate por dentro el mito romanticón.

Con una mano en el pecho y el otro puño bien alzado,

Me prometo y me juro que yo estaré a mi lado.

 

Le popol de Jean-Paul aimerait connaître Nicole,

Le bouquet de tournesols s’envole pour l’école du viol.

Son gourou, un guignol s’autoproclame sex-symbol,

Enseigne aux hommes qu’une femme dit « oui » quand droguée à l’alcool.

Poison de palabres sans paraboles,

Entretient la violence et des conséquences folles en rigole.

Haine malsaine d’la gent féminine,

21ème siècle obscène d’insurrection misogyne.

Sans scrupules simule sa sympathie sourit sur son succès,

Se surnomme surhomme surfant sur la peur de tout homme,

Mais la vérité ne saurait se soustraire à ses soins :

Combien de femmes violées par sa science en souffrent en silence.

 

Combien de victimes triment sous l’oppression masculine,

Combien de Julien Blanc, de Neil Strauss et de Robert Green,

Combien de pauv’ types tripent réalité réduite,

Culture de la réussite égale respect en déficit.

Combien d’héroïnes triment sous l’oppression masculine,

Combien de Julien Blanc, de Neil Strauss et de Robert Green,

Combien de pauv’ types tripent réalité réduite,

Culture de la réussite égale respect en déficit.

10) Insomnie

  

Pose ton stylo sur un beat de rap,

Tes yeux écarlates, t’as pas dormi d’la nuit.

On voudrait te faire croire, qu’la vie est faite d’étapes,

Enfant adolescent adulte et puis tes cendres s’éparpillent.

Tout autour de toi, t’entends des voix,

Qui répètent en écho : « arrête d’écrire,

Stoppe la musique, dresse ton ego »,

À plus de 30, fais des enfants,

Gagne ton pain, éteins ton joint,

Crée ce bonheur fait de confort et de contentement.

Simple, la vie se vit et l’eau-de-vie dévie l’ennui,

Soirée passée à mater l’idéal filtré de ces amis,

Recherche bonheur, par peur de mort, flirter sur Tinder,

Besoin de drogue, de transe, de danse, de drague et de sport.

 

Désirs constants, perte de temps,

Je me demande combien de gens disent bonne nuit à leurs écrans.

 

Vu que l’ambiance dans les rues d’Bruxelles me pèse,

Entre les fourgons d’police, les soldats et leurs M16.

J’vais me faire la malle, aller m’installer ailleurs.

En attendant ce moment, j’écris mes rêves avec ardeur,

J’cultive ma solitude et sollicite mon intellect,

Pour permettre à mon esprit d’transcender ma casquette.

Semer des semis d’sourires saillant s’aimant dans mes sonnets,

Pour saisir les bienfaits d’une vie en communauté.

J’irais m’installer dans un jardin sous un biloba,

Planter mes envies loin du vide des villes et des vies de rats.

Du taf, du cash, du stress sans cesse,

Des traces qui sur mon corps mon esprit et mon cœur ils laissent.